Pour assumer une fonction de direction en tant que jeune personne, il faut notamment la reconnaissance des collaborateurs et collaboratrices, et Isabelle Buchmann a su la gagner. Depuis son enfance, cette cuisinière de formation donne des coups de main dans la pâtisserie Buchmann de Münchenstein (BL), qui a pu profiter de son énergie et de son enthousiasme sans faille, tant pendant ses études que durant son année de formation et son séjour à l’étranger.
Concevoir des vitrines, plier des boîtes, donner un coup de main au marché de Noël – soutenir l’entreprise familiale est une évidence pour Isabelle Buchmann. C’est peut-être la variété de ces petites tâches qui l’a amenée à quitter son environnement familier après l’école, pour se lancer dans la diversité de la production alimentaire. Après sa formation de cuisinière, elle a passé sa maturité professionnelle, étudié les sciences alimentaires et effectué différents stages au cours de l’année de formation qui a suivi. Toujours avec passion pour les aliments sains, naturels et précieux. «Pendant mes études, j’ai compris à quel point mon parcours correspondait parfaitement à notre entreprise familiale. J’ai commencé à me poser des questions: Comment produire en toute sécurité? Qu’est-ce qui rend les produits alimentaires précieux? Comment se présente la chaîne de création de valeur?» Et c’est ainsi que la toute nouvelle experte en commerce de détail (depuis 2022) a décidé de rejoindre l’entreprise familiale avec son frère Dominique Buchmann.
De la partie depuis son plus jeune âge
Isabelle Buchmann travaille à plein temps dans la pâtisserie Buchmann AG depuis septembre 2023. Mais cette professionnelle n’est pas pour autant perçue comme une nouvelle venue. C’est certainement dû au fait qu’elle est toujours restée impliquée dans différents projets.«Je suis depuis six ans responsable de l’atelier, là où les produits sont emballés, affinés et décorés, ce qui me vaut une grande confiance en tant que jeune personne.» Les collaborateurs et collaboratrices de longue date savent que cette cuisinière de formation est un soutien actif qui ne rechigne pas à faire tout travail. Et le fruit de cet engagement est la reconnaissance: on la présente à la clientèle en disant «Regardez, c’est la cheffe junior», confesse Isabelle Buchmann. «J’ai l’impression qu’ils sont fiers de moi», ajoute-t-elle d’un air gêné.
Toujours impliquée
Malgré deux mois à Londres et des stages à la direction de Reinhard AG à Bolligen BE) et de la boulangerie-restaurant Füger à Mörschwil (SG), Isabelle Buchmann s’est toujours engagée dans l’entreprise familiale. Elle résume brièvement le principal enseignement de cette année de transition: «Plus de peps ferait du bien au secteur», en précisant: «On peut oser davantage. Mais j’ai appris que cela prend du temps.»
Lieu de restauration et de style de vie
Isabelle Buchmann illustre le changement qui se dessine dans l’entreprise qu’elle connaît parfaitement: son grand-père s’est fait une réputation dans la région avec du pain de qualité constante. Son père s’est doté d’une installation frigorifique moderne, et a commencé à fabriquer des produits de boulangerie fine et des articles de pâtisserie. Isabelle Buchmann a déjà imaginé la touche de peps qu’il faut à l’entreprise familiale et cristallisé une orientation concrète avec son frère Dominique Buchmann: «Nous prévoyons de faire de la pâtisserie Buchmann un lieu de restauration et de style de vie.» Et cette vision démontre à quel point le frère et la sœur se complètent. En tant que boulanger-pâtissier de formation, responsable de la production et futur diplômé de l’Institut suisse pour la formation des cadres d’entreprise (IFCAM), le frère est l’expert de l’assortiment de base. Cuisinière à l’origine et experte dans le secteur alimentaire, la sœur s’y connaît en marketing, en vente et en restauration. Les jalons semblent posés.
La nouveauté au regard de l’expérience
Isabelle et Dominique Buchmann sont actuellement toujours soutenus et couverts par leur père Emanuel Buchmann Junior. Le frère et la sœur partagent la direction de l’entreprise avec lui, qui se retirera à l’été 2024. Tous deux ont déjà pu profiter de cette constellation. «Quand nous faisons de l’excès de zèle, les personnes expérimentées de l’entreprise nous ramènent sur terre.» L’harmonie semble se propager à la clientèle. Lors de la fête organisée à l’occasion du 70e anniversaire de l’entreprise, le ton était dans l’ensemble très positif: «Les gens ont dit que c’était cool que la pâtisserie Buchmann reste jeune et moderne», résume Isabelle Buchmann.
L’expérience au regard de la nouveauté
Isabelle Buchmann décrit en ces termes le défi qui l’attend en été: «Qui est responsable de quoi? Il va falloir trouver de nouvelles structures et répartir les responsabilités.» Mais la membre de la direction envisage cette tâche avec sérénité, sachant que les personnes expérimentées de l’entreprise ont également déjà pu apprendre de la nouvelle génération: «Grâce à nous, elles sont devenues plus ouvertes aux changements.» Elle est toutefois consciente qu’il a fallu ancrer cette ouverture. Les changements prennent du temps et l’objectif premier est que l’harmonie perdure entre toutes les parties prenantes.
Les collaborateurs et collaboratrices rendent les choses possibles
Pourquoi ces changements et ces nouvelles idées? Isabelle Buchmann répond résolument: «J’ai la responsabilité de vendre des produits sains, sûrs et précieux.» Elle sait qu’elle ne peut le faire sans personnel. «Nous ne sommes rien sans les collaborateurs et collaboratrices, nous reprenons une entreprise qui tourne, ce qui ne va pas de soi. Je peux et veux donc être derrière chaque produit vendu au comptoir.»
Diego Schwerzmann