Enfant, j’allais chercher le pain chez notre boulanger, Marcel Chaubert à Denens (VD), celui-ci vient de fêter ses 101 ans ! Il y a encore un peu plus d’un demi-siècle, les paysans lui fournissaient la farine et il confectionnait le pain pour la famille de ces agriculteurs, dont la mienne. Merci M. Chaubert de m’avoir transmis la passion pour le pain, à moi paysanne professionnelle qui, à mon tour me suis mise devant mes fours à bois, d’où je sortais plus de 800 kg de pain par mois…
Pour faire un pain, beaucoup de personnes y mettent de leur temps, de leur travail. Il faut travailler la terre, dorloter le blé qui pousse en silence et qui mûrit sous le chaud soleil. Il faut ensuite le récolter, le trier, le moudre, tamiser la farine obtenue avant de pouvoir confectionner une pâte. Ensuite, il faut laisser le temps à la pâte de lever, laisser le temps au four de chauffer. Allumer les fagots de bois, ajouter les bûches… voir la couleur du four changer avant de sortir les cendres pour y glisser les pains ou alors, aujourd’hui, tourner un bouton pour que le four arrive à la température inscrite sur celui-ci.
Était-ce mieux avant ? Je pense que chaque époque à ses difficultés et son bon temps, il nous faut juste savoir les apprécier.
Savoir apprécier les boulangères et boulangers qui se lèvent aux aurores, et même avant, pour que le pain fraîchement sorti des fours vienne se poser sur les tables pour accompagner les petits déjeuner et les repas de la journée. Savoir apprécier les gens de la terre qui se donnent sans compter à la culture et à l’élevage du bétail. Sans paysans pas de farine, sans boulanger pas de pains, ni de pâtisseries, ni de confiseries…
Nous sommes un tout, ne l’oublions jamais et soutenons-nous !
Laurence Cretegny
Paysanne professionnelle, Laurence Cretegny est membre PLR du Grand Conseil vaudois. Elle l’a d’ailleurs présidé en 2021. Au sein de son entreprise agrotouristique, elle avait notamment ouvert un marché à la ferme.