Sous le nom de « Kult », l’équipe de la Société Internationale de Gastronautique a repris la boulangerie traditionnelle de la Riehentor à Bâle, avec ses 300 ans d’histoire, pour lui redonner vie à travers un nouveau concept.

Kult : une boulangerie étroite et toute en longueur, un plafond bas en bois et, l’âme du lieu, un four du siècle dernier. C’est ici qu’on s’agite, qu’on œuvre, qu’on enfourne. « En fait, c’est la boulangerie qui est venue à nous, nous ne l’avons pas cherchée », dit Léa Gessler en expliquant l’historique de la boulangerie Kult au 18 de la Riehentorstrasse à Bâle. En collaboration avec Léon Heinz et Felicia Schäfer (qui ont fait parlé d’eux à Bâle dans le cadre de la Société Internationale de Gastronautique), elle a repris, fin 2015, la boulangerie traditionnelle. Sa création attestée remonte à 1726. « C’était une opération de sauvetage, en quelque sorte. A l’origine, pour cette boulangerie, notre rôle était simplement consultatif. Toutefois, lorsque nous avons trouvé le temps nécessaire pour nous en occuper, l’exploitation avait déjà cessé ». Léa, qui à cette époque avait un emploi à Paris, est néanmoins retournée à Bâle. Elle a rejoint les gastronautes. Ensemble, ils ont décidé de relever ce nouveau défi et ont repris eux-mêmes le bail de la plus ancienne boulangerie de la ville.

Changer de cap et tracer sa propre voie

Dès le début, ils ont bien compris qu’ils allaient tracer leur propre voie. Car, en fin de compte, les propriétaires avaient relativement peu de compétences dans la fabrication du pain. Léa, la directrice de production, a étudié le théâtre et la littérature à Bâle, Berlin et Paris. Après quelques années d’expérience dans la gastronomie par le biais des boulots d’appoint, elle a décidé en 2014 d’en faire son métier. Elle a fait ses premiers pas en cuisine, notamment à la Buvette gastrotèque à Paris. Cest en Belgique qu’elle a affiné ses connaissances en boulangerie. Léon et Felicia, qui sont entre-temps passés à d’autres projets, sont diplômés de l’Institut Hyperwerk, l’Ecole supérieure d’art et de design de Bâle. Ils ont en commun l’amour de la créativité, des plaisirs de la table et de l’expérimentation gustative. De ce fait, leur nom est déjà tout un programme. « Nous ne voulons pas seulement faire revivre la boulangerie et le quartier. Nous voulons aussi développer nos produits et cultiver la boulangerie artisanale, explique Léa. « Le nom « Kult » réunit le caractère du lieu et en même temps notre façon non conventionnelle de travailler. »

Modèle de financement : le crowdfunding

La façon dont ils ont collecté leurs fonds n’est pas tout à fait conventionnelle non plus. Les jeunes propriétaires ne sont pas passés par la banque pour obtenir les fonds nécessaires au lancement de l’affaire et aux investissements initiaux, mais les ont rassemblés via le financement participatif, sur une plate-forme de crowdfunding. Léon : « Pour nous, c’était clair : si nous trouvions des gens qui sont prêts à investir pour maintenir en vie la plus ancienne boulangerie de la ville, alors notre projet a un véritable sens ». En quelques jours, ils ont réuni pratiquement 40 000 francs auprès de 300 personnes. « Nous avons été très largement soutenus », affirme Léa, non sans fierté.

La suite dans l’édition n°22/17 de «panissimo».

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