Depuis juin, Silvan Hotz est à la tête de l’Association suisse des patrons boulangers-confiseurs (BCS). Dès 2017, l’actuel vice-directeur, Urs Wellauer, prendra la direction opérationnelle de la BCS. Ils piloteront donc ensemble le navire de l’association à l’avenir, dans des eaux agitées, semées d’embûches.

« panissimo » s’est entretenu avec Silvan Hotz et Urs Wellauer pour revenir brièvement sur le passé, mais surtout pour envisager l’avenir à court et moyen terme.

Silvan Hotz, vous avez été élu président, et ainsi succédé à Kaspar Sutter lors du congrès qui s’est tenu en juin de cette année. Quelle a été la réaction de votre entourage ?

Silvan Hotz : Très positive. Les félicitations – émanant de mon proche entourage, mais aussi de la Suisse et de l’étranger – ont été nombreuses.

Urs Wellauer, quelles ont été les réactions suite à l’annonce de votre élection à la direction de l’association ?

Urs Wellauer : J’ai également reçu de nombreuses réactions positives, de la part de politiques, de partenaires et d’associations professionnelles. La poursuite de la voie empruntée a notamment été saluée.

Vous êtes désormais tous deux à la barre du navire de l’association. Selon vous, quel est son état ?

S. H. : L’association possède d’excellents atouts. Elle présente néanmoins quelques traces de rouille, pour parler de manière imagée. Tout le monde les connaît. Notre situation financière est notamment problématique.

« Nous devons décider de la destination du voyage, et de ce que nous en ferons. »

U. W. : La transparence n’a jamais été aussi importante qu’à ce jour, et c’est bien ainsi. L’organisation et la préparation du secrétariat central de la BCS sont optimales : nous avons supprimé un poste à 100 % en vue de l’avenir.

Les problèmes financiers sont imputables à la mutation du marché, qui influe sur l’effectif des membres et la situation financière. Nous estimons que nous aurons environ 1100 membres dans dix ans. Les institutions de la BCS généreront également moins de chiffre d’affaires. Notre défi est de nous positionner de façon à pouvoir continuer à prospérer à l’avenir.

Et vous allez désormais vous unir pour relever ce défi ensemble ?

U. W. : Nous avons une stratégie 2020. Et le financement en fait partie intégrante, tout comme la convention collective de travail (CCT). Nous allons donc devoir mettre sur les rails les priorités à définir pour après 2020.

Vous préparez déjà l’avenir après 2020 ?

S. H. : Non, non, nous travaillons avec la stratégie 2020, mais en vue de l’avenir. Le processus est déjà en cours.

Quand les premiers jalons pourront-ils être communiqués ?

U. W. : Ils sont déjà connus : finances, FBK.

S. H. : C’est un processus permanent. Je pense que nous en saurons plus au printemps, et qu’un état des lieux aura lieu.

La direction que prendra l’association sera-t-elle communiquée au printemps ?

U. W. : Le plus important, ce sont les conditions cadres.

Laissons de côté le thème de l’association pour aborder celui du secteur. Selon vous, quel est son état ?

S. H. : Délicat. Tout ce qui se passe dans l’environnement proche du secteur est incroyable. Le marché du pain et du chocolat est très concurrentiel. Nos marges sont toujours plus petites. Le pain amène des clients, mais aucune marge n’en résulte. Et cela ne va pas changer à l’avenir.

U. W. : Le profil sectoriel se veut quelque peu optimiste, en matière de cash-flow notamment. Les entreprises les mieux loties sont également confrontées aux problèmes évoqués par Silvan Hotz. Mais les plus préoccupantes sont celles de classe C dans le profil sectoriel. Il sera difficile pour ces entreprises de renouer avec les classes B ou A. Les entreprises de classe C vont subir un remaniement qui influera sur l’évolution du secteur. Nous devons surveiller ces membres.

S. H. : Nous aurons malheureusement toujours des entreprises de classe C, mais leur grand nombre est également préoccupant pour moi. En tant qu’association, nous devons veiller à ce que nos membres disposent de conditions optimales pour pouvoir être économiquement performantes. Les propriétaires d’entreprises doivent néanmoins faire eux-mêmes leurs devoirs.

Quelle est la recette de l’association pour remédier à cela ?

U. W. : Lors de la FBK, nous souhaitons mettre en avant les nouvelles tendances. Nous avons mandaté une étude présentant l’évolution sur le marché suisse au cours des prochaines années. Nous voulons montrer aux membres la voie à suivre, et les outils nécessaires à cet effet – mis à disposition par les institutions de notre association.

S. H. : On constate malheureusement que ceux qui assistent aux séances d’information ne sont pas ceux qui en ont le plus besoin. Tous les chefs d’entreprise devraient s’y intéresser. Ils devraient littéralement « aspirer » les informations en vue de les adapter pour les mettre en œuvre dans leur entreprise.

Nous pouvons mettre des moyens et des informations à disposition de nos membres, mais leur exploitation est de leur ressort.

En regardant l’avenir, on aperçoit également des lueurs d’espoir dans le secteur…

U. W. : ce sont les nombreuses entreprises novatrices qui ont une longueur d’avance. Nous sommes une association d’entrepreneurs et non d’abstentionnistes.

« L’inaction n’est pas vouée à prospérer. »

Nos entreprises possèdent d’excellents atouts ; elles sont parfaitement à même de surmonter l’adversité du marché en mutation.

Les jeunes chefs d’entreprise novateurs sont également nombreux…

U. W. : oui, c’est bien vrai. Et de nombreuses entreprises traditionnelles réussissent également à se repositionner.

Le directeur sortant, Beat Kläy, et l’ancien président, Kaspar Sutter, étaient en harmonie à la tête de l’association, et se présentaient comme une seule entité. Comment envisagez-vous votre leadership commun ?

S. H. : A l’interne, je privilégie les discussions dures, mais équitables et orientées solutions. Mais à l’externe, nous devons impérativement nous présenter comme une entité ; pour avancer, nous devons unir nos voix en un seul avis. Je dis toujours à mes enfants : « On ne devient pas plus grand en rapetissant les autres. »

U. W. : les compétences sont clairement définies. Le président assume la responsabilité de la direction stratégique, le directeur celle de la direction opérationnelle. Un rapport de confiance mutuelle est nécessaire à cet effet. J’apprécie donc de pouvoir discuter objectivement en interne.

En dernier ressort, la décision finale ne nous revient pas, elle appartient au comité directeur, au comité central et au congrès.

Vous venez d’évoquer le comité directeur et le comité central. Quels sont vos souhaits à l’égard de ces deux instances ?

S. H. : J’attends des membres du comité directeur qu’ils connaissent leurs dossiers. Chacun d’entre eux doit être parfaitement au fait de ce qui a trait à son service. Ici aussi, je préconise des discussions internes, objectives et constructives en vue de se présenter comme une entité à l’externe.

J’attends du comité central qu’il collabore activement, et que ses membres se préparent sérieusement, et se forgent une opinion pour représenter l’association cantonale. Ils sont les représentants des cantons.

« En tant qu’association, pour pouvoir avancer, nous devons pouvoir compter sur des membres du comité central bien préparés. »

Ils doivent également communiquer les décisions dans les cantons…

S. H. : Nous pouvons en partie les décharger de ce travail en communiquant les décisions dans « panissimo ». Mais c’est vrai. Ils sont notre lien avec les cantons, avec la base.

Le fonctionnement doit être réciproque.

Que souhaitez-vous pour l’avenir de l’association ?

S. H. : Je souhaite que nous parvenions à régler les problèmes en suspens, et que nos membres fassent preuve de bienveillance à notre égard.

U. W. : Nous devons garder en vue l’évolution du secteur, et orienter la stratégie de l’association en fonction de cette dernière. Je ressens parfois une certaine défiance envers l’association. Nous devons donc également nous employer à la faire disparaître, et à communiquer de manière appropriée au niveau stratégique et opérationnel. Nous ne pouvons néanmoins pas donner plus que ce qui peut être reçu. C’est là que le bât blesse parfois.

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Urs Wellauer à la tête des Boulangers-Confiseurs suisses dès 2017