Anna Lehmann, une professionnelle de Suisse orientale, a accompli des choses extraordinaires au cours des dix dernières années. Elle a reçu à cet effet le prix de l’entrepreneuriat féminin des Femmes PME de Thurgovie en automne. Rencontre avec cette impressionnante entrepreneuse, dans son entreprise Bio-Beck Lehmann à Lanterswil (TG).

Il est arrivé plus d’une fois que d’anciens collaborateurs et professionnels attirent l’attention sur Bio-Beck Lehmann dans le village de Lanterswil, qui compte 150 âmes, et ce pour plusieurs raisons, dont l’ambiance de travail agréable, l’intégration de personnes handicapées, la qualité des produits ou la personnalité d’Anna Lehmann.

Tout a commencé en 1976…

Ses parents, Mares et Andreas Lehmann, ont fait œuvre de pionniers dans la boulangerie bio en 1976, lorsqu’ils ont ouvert leur petite boulangerie à Lanterswil. Dans les années 90, ils ont fabriqué les premiers produits végétaliens, alors que ce n’était pas encore à l’ordre du jour dans l’opinion publique.

Anna Lehmann


Le couple Lehmann a également réglé en temps utile la question de la succession, mais la remise ne s’est pas avérée optimale, en raison d’une croissance importante. A la suite d’une direction intérimaire, l’entreprise s’est même retrouvée dans une situation précaire. Anna Lehmann, qui travaillait alors comme architecte à Zurich, a dès lors été la bouée de sauvetage. Elle a dû prendre une grande décision en l’espace de deux semaines seulement : travailler comme architecte dans la métropole de Zurich ou comme responsable de boulangerie dans un petit village de Thurgovie. Elle a décidé d’oser et de se lancer « à fond sans moyens financiers ».

Après cinq ans, Anna Lehmann a voulu faire le point. Le budget avait été atteint dès le premier semestre et l’entreprise était à nouveau dans les chiffres noirs à la fin de l’année, « sans prendre beaucoup de mesures », selon la Thurgovienne. La situation économique s’est améliorée. Les contrats d’approvisionnement de la restauration et du commerce bio spécialisé ont connu une croissance constante. La part des livraisons de Bio-Beck Lehmann s’élève aujourd’hui à environ 85 %.

Une nouvelle construction d’un genre particulier

En 2016, Anna Lehmann s’est lancée dans la planification d’un nouveau bâtiment. En effet, l’ancienne production « était un patchwork ! » Elle a conçu la construction. Au final, 200 000 francs ont pu être économisés sur le budget de 2,8 millions de francs.

Anna Lehmann savait exactement ce qu’elle voulait : des locaux à usage multiple, pouvant être utilisés de manière flexible. Au dernier étage, on trouve, par exemple, une salle de repos qui est également utilisée pour des cours de yoga. De là, on a une vue sur les bureaux et, en arrière-plan, on aperçoit les collaborateurs en pause ou à l’œuvre.

La vue générale est magnifique : les environs sont agrémentés d’un jardin floral et potager avec un étang naturel, entretenu avec amour par le couple Lehmann. Des lampes LED ont été installées et une attention particulière a été portée à un approvisionnement énergétique équilibré : solaire (200 m2), gaz, pellets et électricité. La technique ultramoderne n’a pas sa place ici. L’endroit privilégie une ventilation naturelle, beaucoup de bois avec une surface robuste, mais pas de style chalet.

Rien d’étonnant donc à ce que les visiteurs se sentent d’emblée à l’aise en entrant dans le bâtiment. « J’ai veillé à une bonne ambiance », explique Anna Lehmann. Le réfectoire typique a notamment fait place à une grande salle où l’on mange ensemble à midi, également utilisée pour l’organisation de cours ou le repassage. Les vestiaires et les douches ne se trouvent volontairement pas au sous-sol, mais à l’étage, dans le secteur administratif. Le credo « prendre soin des gens, des matières premières et de la nature » est appliqué dans tous les domaines. « Notre ambition est de produire quelque chose de bien. Tous les jours, encore et encore », souligne Anna Lehmann.

Elle est confiante en l’avenir. Le plus grand défi est de pouvoir prendre du recul par rapport à l’entreprise, mais Anna Lehmann confie qu’elle y parvient. Elle se sent bien dans son « nouveau » travail varié. Elle rencontre beaucoup de gens et apprend beaucoup sur elle-même. « J’ai eu beaucoup de chance, j’ai également pu profiter de la phase de croissance qui a précédé mon arrivée et de ma super équipe de cadres, qui allie compétence et humanité… », conclut Anna Lehmann.

biobeck-lehmann.ch

Claudia Vernocchi

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