Le brevet fédéral est une première spécialisation après le CFC. Sébastien Knecht, responsable de Richemont Romandie à Yverdon (VD), répond aux questions pratiques concernant la préparation de cet examen professionnel.

Sébastien Knecht, responsable de Richemont Romandie à Yverdon (VD)

Sébastien Knecht, qu’est-ce que le brevet fédéral ?
Il s’agit d’une formation continue après le certificat fédéral de capacité (CFC), afin d’obtenir un approfondissement professionnel dans un domaine spécifique. A l’image du médecin qui termine ses études et qui se spécialise en chirurgie, c’est une spécialisation. Praticiens éclairés, les diplômés sont capables de synthétiser, d’évaluer, d’anticiper, de se remettre en question et de créer. Le brevet existe dans chacune des orientations : boulangerie (nouveau), boulangerie-pâtisserie, pâtisserie-confiserie et vente (uniquement en Suisse allemande).

A qui s’adresse-t-il ?
Il s’adresse aux artisans qui ont au moins quatre années d’expérience professionnelle. Ils doivent non seulement être prêts pas seulement à devenir un bon producteur, mais aussi un bon manager. Etre en entreprise est nécessaire notamment pour expérimenter un peu la gestion du personnel. Obtenir le brevet en travaillant sur une chaîne de grande surface est difficilement imaginable. Il faut aussi l’envie de faire des études (…) et avoir l’audace de remettre en question ses compétences.

Comment se déroule la formation ?
Elle se compose de théorie et de la pratique. La théorie comprend quatre modules : connaissances professionnelles, gestion d’entreprise, gestion du personnel ainsi qu’organisation de l’entreprise et gestion des marchandises. On leur apprend à la fois à être des artistes fous, créatifs, passionnés, mais aussi à être raisonnés par rapport au coût et à la rentabilité de leur production ; l’un ne peut pas aller sans l’autre. Les travaux pratiques portent sur des sujets tels que la planification de la production, l’approvi-sionnement en denrées alimentaires, la fabrication et le stockage de produits adaptés aux besoins des clients.

Durant combien de temps ?
En Suisse romande, la formation s’étale sur deux ans et demi avec des pauses. La première partie comprend huit mois de cours théorique, un jour par semaine. Trois à quatre mois de pratique à Yverdon et à Lucerne la complètent. Un examen clôt chacun des modules. Prérequis à l’examen final, ils peuvent être repassés autant de fois que nécessaire.

Et l’examen ?
L’examen théorique se déroule sur plusieurs journées en novembre de la deuxième année. Il s’agit d’une étude de cas, de trois heures par écrit, qui mélange les quatre modules. Les candidats auront également deux heures d’oral dont deux fois trente minutes d’oral en gestion du personnel et d’entreprise. Après quelques mois, ils passent leur pratique. Durant deux jours de suite, ils sont évalués sur leurs capacités à gérer un aide, et confectionnent des produits. Ils doivent aussi présenter une création personnelle inexistante dans l’entreprise, satisfaire une commande leur parvenant 20 à 30 jours avant l’examen et exécuter quelques devoirs surprises le jour même. Contrairement au CFC, tous les produits sont goûtés.

Quel est le taux de réussite ?
Pour la Suisse romande, il se situe en général au-dessus de 60 %. Il ne faut pas oublier cependant que c’est un examen difficile et exigeant.

En cas d’échec, est-il possible de le repasser ?
L’examen peut être tenté à trois reprises. Lors de sa réussite, la BCS remet aux lauréats un diplôme officiel de la Confédération avec le titre de brevet fédéral, protégé par la loi de « chef boulanger-pâtissier-confiseur orientation… ». C’est une formation professionnelle supérieure, il faut se donner les moyens d’apprendre, de réviser, de s’entraîner, comme un sportif d’élite.

Très concrètement, qu’apporte l’obtention du brevet ?
Il apporte la possibilité d’être reconnu en tant qu’autorité. Renforcé dans son rôle, son détenteur peut ainsi prétendre à une prise d’autorité et une hausse de salaire.

En parlant d’argent, quel est son coût ?
Son coût est de 26 500 francs, sans compter l’hôtel, les déplacements ou les frais de recherches. Toutefois, il existe de nombreuses subventions (Confédération, cpbc), et des remboursements DFO si au moins 80 % des cours ont été suivis. Pour finir, il ne reste plus que 2000 francs à payer au candidat. Certains candidats se font aider par la famille ou font un prêt étudiant. D’autres trouvent un arrangement financier avec leur entreprise.

Quand débute la prochaine formation ?
La prochaine édition du brevet fédéral, 2023-2025 démarre après Pâques, dans les orientations boulangerie, boulangerie-pâtisserie, pâtisserie-confiserie.

Entretien : Johann Ruppen

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