En 2016 à Cousset (FR), l’installation d’un moulin révolutionnaire a été retardée en raison d’un incendie. Cela se fera vraisemblablement d’ici décembre. Un deuxième exemplaire sera expédié en Afrique, dans un but humanitaire. Clin d’œil de l’histoire, le système sera monté sur un ancien véhicule du service du feu.

Dans la Broye fribourgeoise, Bossy Céréales accueillera un moulin F10, avant la fin de l’année. Le patron Simon-Pierre Kerbage a confirmé la commande en attente. L’installation était initialement prévue pour l’automne 2016, mais un incendie ravagea les locaux au mois d’août de cette même année.

Le système est simple et compact. Il se compose d’une série de broches fixes et d’autres montées sur un disque qui effectue 8000 tours par minute. Le tout broie les céréales préalablement humidifiées en un seul passage. Ses performances seraient d’environ 300 kg / heure.

L’appareil a vu le jour grâce au travail d’Ernest Badertscher. Cet ingénieur à la retraite s’est notamment appuyé sur un brevet suisse datant de 1894. Il est aussi membre de l’Association pour le développement des énergies renouvelables (Ader) qu’il représente auprès de la Coopérative pôle-innovation-compétence (C-PIC). Ces deux organisations ont notamment pour objectif de rendre accessible le moulin aux populations défavorisées, sous l’angle de l’économie durable et en open source.

Le modèle installé à Cousset servira, d’une part, à la production de l’entreprise spécialisée en müesli. D’autre part, il sera utilisé pour réaliser des tests, dans le cadre de projets humanitaires pilotés par la C-PIC.

Destination finale : RDC

« L’un d’entre eux consiste à envoyer en République démocratique du Congo (RDC) une unité mobile équipée d’un moulin F10, cette année encore », a annoncé Narcisse Niclass, coach de la C-PIC et coordinateur du projet, à l’occasion d’une conférence de presse à Nierlet-les-Bois (FR). Il s’agit d’un ancien véhicule technique des pompiers lausannois. Acquis pour 6000 francs, le camion affiche près de 34 000 kilomètres au compteur. « Nous devons encore effectuer un service et acheter quelques petites pièces de rechange. La facture devrait s’élever à 2000 francs. » Le moulin sera installé à l’arrière. Un groupe électrogène et un projecteur fixé sur un mat télescopique complètent l’équipement. A la différence d’une installation industrielle, les céréales à moudre seront introduites à la main. Les opérations de tamisage seront également manuelles.

Une école envisagée

« L’unité évoluera sur un terrain de 156 hectares. Nous l’avons acheté, il y a cinq ans. Il se trouve sur la commune de Maluku, à 130 kilomètres de Kinshasa », a précisé Monique Brasey, secrétaire de la coopérative. « L’abbé Célestin Kabundi-Kabengele, qui s’est engagé dans le bénévolat de son pays avec l’ONG Kakasu Congo, est en lien avec une école technique. C’est elle qui se chargera de la réception du moulin et de sa maintenance. » Un mécanicien suisse bénévole, Ueli Ramseier, la conseillera.

A plus long terme, la coopération envisage d’enseigner le métier de boulanger, via une école. « On compte sur notre terrain pour produire d’abord des biens maraîchers, puis du blé et du pain. Nous leur apprendrions ainsi à utiliser leurs produits en ligne directe afin qu’il n’y ait pas de déperdition », a conclu Narcisse Niclass.

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