Depuis le mois de mai, Pascal Charlet est le secrétaire général de l’Association romande des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs. Coronavirus, travaux du centre de compétences à Yverdon, report du SBT… Les défis qui attendaient le successeur de Mathieu Fehlmann étaient nombreux. Entretien…

Pascal Charlet, quelles sont vos premières impressions après environ six mois au poste de secrétaire général de l’Association romande des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs ?
J’ai vraiment eu l’impression de rentrer dans un corps de métier avec ses spécificités. Il faut apprendre à connaître les différences propres qui régissent la vie professionnelle des boulangers-pâtissiers-confiseurs. Naturellement à l’écoute, je les ai cernés assez rapidement et pense avoir trouvé ma place assez facilement. Je me suis d’ailleurs tout de suite bien entendu avec le comité. Le séminaire romand et les assemblées cantonales annulés en raison de la pandémie m’ont cependant manqué.

Que connaissiez-vous du monde de la boulangerie-pâtisserie-confiserie ?
Honnêtement, peu de choses si ce n’est ce comme tout consommateur. J’ai toujours été de ces personnes qui achètent le pain à la boulangerie. Au Portugal, c’était un pain plat que nous mangions avec du Gruyère en rentrant de l’école.

Comment vous êtes-vous familiarisé avec la branche ?
Mathieu Fehlmann m’a renseigné sur de nombreux points, dont beaucoup concernaient l’immeuble du nouveau centre romand de compétences à Yverdon puisque mon prédécesseur partait au moment de la finalisation des travaux. Je me suis beaucoup appuyé sur Catherine Oberson, véritable mémoire vivante de l’Arabpc, et j’ai eu de nombreux contacts avec le comité directeur. Je fais à présent un peu le tour des commissions. Prochainement, je passerai aussi une nuit chez un boulanger afin de vivre la profession de l’intérieur. Ce sera un saut dans l’inconnu…

Allons-nous vous apercevoir également derrière un comptoir de vente ?
Une chose est certaine : je participerai activement à une réunion de la commission vente autour de la communication, ce mois. Je ne pourrai pas prendre part à toutes les commissions. Cependant, je souhaiterais faire le maximum pour comprendre les objectifs à long terme, cerner les enjeux et les problématiques, cette première année.

Quels ont été les dossiers prioritaires à votre arrivée ?
L’immeuble représentait un important sujet. Cela m’a permis d’aborder l’aspect formation, d’en apprendre plus sur le métier et également sur les enjeux de formation avec les cantons. Il y avait ensuite le Swiss Bakery Trophy (SBT), le bouclement comptable et la gestion de l’Arabpc en général.

Tout cela avec la Covid-19 en toile de fond… Comment avez-vous géré cela ?
On n’a pas le choix ! Au premier comité, l’ambiance est particulière. Ce que j’entendais de la conjoncture et l’avenir n’était pas très positif. (…) En revanche, cette crise sanitaire m’a vraiment permis de constater qu’il existe différents types de boulangerie-confiserie. Je n’avais jusqu’alors pas vraiment conscience de l’importance de l’activité restauration tea-room, par exemple. La pandémie a permis de peut-être faire ressortir certains points de manière plus direct, plus évidente. Dans cette même idée, la visioconférence organisée par la BCS avec des artisans des cantons romands m’a aussi permis de comprendre mieux et plus rapidement la branche.

Quelles seront vos priorités à court et moyen terme ?
Nous ferons un peu de communication autour du SBT qui a été reporté d’une année. Nous devons à présent exploiter l’immeuble d’Yverdon : affiner son fonctionnement et son entretien, mettre en location les biens achetés pour solidifier le financement. Le bâtiment représente passablement de travail pour les six à douze prochains mois.

Quels sont les défis qui attendent la boulangerie-confiserie ?
Le comportement du client est de plus en plus complexe à comprendre. Il y a plusieurs types de consommateurs et un même consommateur peut être multiple. En fait, la question est comment faire en sorte que les gens se rendent toujours chez les artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs. Quelles sont nos valeurs ? La qualité, la fraîcheur, l’authenticité, la proximité… Cela a ses limites, car pour certains consommateurs le côté pratique passe avant tout. Il va donc falloir se positionner, cibler les efforts de communication, revoir certains aspects de la distribution éventuellement.

A ce propos, vous possédez une forte expérience en communication. Que pensez-vous de celle de l’Arabpc ?
Il faut être franc : nous disposons de peu de moyens. Par conséquent, il faut être débrouillard ; et je crois que nous le sommes. (…) D’une manière ou d’une autre, il faudrait optimiser la communication. Une possibilité serait de renforcer la structure actuelle par un accompagnement, par exemple. Nous devons définir des objectifs afin d’élaborer une stratégie et tirer à la même corde. Nous pouvons aussi rechercher des synergies envisageables entre les commissions. Sur certains points, le secrétariat général peut être garant du fil conducteur et gérer l’opérationnel. Il doit de toute façon accompagner et soutenir les présidents et membres des commissions qui ne peuvent pas penser à tout.

Est-ce possible de régater avec les grands groupes et autres supermarchés ?
C’est très difficile. (…) Malheureusement, j’ai l’impression que le marché devient de plus en plus restreint. Ça ne veut cependant pas dire qu’il n’y a pas d’opportunités et que c’est la fin. Il faut juste se positionner, communiquer, produire et vendre différemment. Ce n’est pas parce que certains géants orange font de grosses campagnes publicitaires que nous n’avons aucune chance. Nous avons les moyens d’exister ; notamment au travers d’autres canaux publicitaires. Les réseaux sociaux permettent de disposer d’importantes portées à des tarifs intéressants, par exemple.

Finalement, quelle note vous attribuez-vous, au terme de ces six mois en tant que secrétaire général ?
C’est difficile… J’hésite entre le 4,5 et le 5 sur 6. Je trouve que je n’ai pas pu assez aller au contact des membres et de ne pas avoir pu beaucoup leur apporter. C’est aussi inhérent aux premiers mois d’activité et à ce contexte difficile. Mais cela va se faire ! En revanche, je pense que ce qui a été entrepris l’a été fait de manière assez satisfaisante.

« Etre sur le terrain »

Né en 1978 à Vevey (VD), Pascal Charlet passe ses premières années à Granges-Veveyse (FR). La famille s’installe ensuite en Indonésie pour des raisons liées à la profession de cadre de son père. Après un retour en Veveyse, elle habite sept années à Lisbonne : « J’ai passé un bac en sciences économiques et sociales. » De retour en Suisse, il entreprend de hautes études commerciales à Lausanne en 1998. Le cursus ne lui plaît pas : « J’avais besoin de beaucoup plus de concret. » Son ouverture et ses affinités pour les langues le poussent à se lancer dans le tourisme.

Au sortir de l’Ecole suisse de tourisme à Sierre (VS) en 2004, il œuvre deux ans à la Fédération suisse du tourisme à Berne avant de reprendre la direction de l’office de Saint-Luc (VS). « Etre sur le terrain, organiser des événements, être sur le terrain, gérer du personnel… C’était ma vraie école de tourisme ! » En 2008, un poste de responsable marketing à Sion région tourisme. Sa candidature est retenue. « Le marketing m’a toujours plu ; déjà aux études. » Le pôle touristique valaisan est dissout environ deux ans plus tard. « Le Val d’Hérens a monté sa structure et j’ai eu l’opportunité de promouvoir cette magnifique destination. »

Du Valais à Fribourg

A 33 ans, il rejoint le canton de son enfance en devenant le directeur de La Gruyère Tourisme. « J’adore le Valais et la montagne, mais j’avais besoin de voir autre chose. » Il gère une équipe de vingt personnes au sein d’une région à l’offre diverse. Durant ces sept années à la tête de l’association, il passe notamment un diplôme d’études avancées en stratégie marketing et communication.

A la fin 2019, il quitte le monde du tourisme, à la suite d’une annonce de la Fédération patronale et économique (FPE) à Bulle (FR), Elle recherchait alors un directeur-adjoint pour succéder à Mathieu Fehlmann. « J’étais bien dans mon job, j’avais encore des choses à entreprendre, mais je voulais aussi diversifier mes compétences et apprendre de nouvelles choses. » Depuis mai, il est donc responsable du département des associations, manifestations et services, ainsi que des ressources humaines de la FPE. Le secrétariat général de l’Arabpc fait partie de ses mandats.

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