A l’occasion des assises annuelles de l’Association valaisanne des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs, son président Albert Michellod a fait part de ses inquiétudes concernant la branche.

« Une boulangerie se ferme par semaine dans notre pays. C’est vraiment choquant ! Au début des années huitante, on en trouvait encore 4600, contre environ 1550 de nos jours. En trente ans, ce sont donc les 2/3 qui ont disparu », a rappelé Albert Michellod, dans son rapport présidentiel, le 30 mars à Leytron (VS).

Stations-service et produits importés

Le chef de file valaisan voit plusieurs raisons à cette situation qu’il qualifie d’« inquiétante, si ce n’est grave ». Entre autres responsables, il cite les grandes surfaces dont les m2 s’accumulent, y compris dans les stations-service. « Petit à petit, les lieux de rencontre de nos cités disparaissent. En France, ils sont en train de constater les dégâts. Certaines communes doivent investir pour remettre à jour café, boulangerie, épicerie, etc. »

M. Michellod pointe du doigt un autre phénomène : les produits surgelés ou précuits importés. « Nous n’avons pas su plafonner leur importation. De ce fait, l’avalanche de ces articles ne cesse de croître. (…) Nous, si nous achetons des matières premières en Europe, nous sommes taxés de 1 franc par kilo. Ceci a pour but de protéger notre agriculture ; ce que je trouve tout à fait normal. Par contre, les produits finis et semi-finis importés sont taxés de manière non dissuasive. Ils n’apportent donc aucun soutien à l’agriculture, bien au contraire ! »

Changements drastiques

Les artisans ont leur part de responsabilité, selon le président. Ils n’ont pas su réagir assez rapidement dans les changements sociétaux de ces dernières années. « Les gens veulent une nutrition plus légère, take-away… Il est là l’avenir. J’y crois, mais nous devons changer drastiquement notre manière de faire. »

Par opposition à la grande distribution, les boulangeries-confiseries sont devenues des magasins de luxe, selon lui. « Nous devons donc employer le plus possible des produits de proximité, du terroir et surtout de première qualité ». Les 90 % des marchandises devraient aussi être maison. De plus, le temps où le boulanger restait caché derrière son fournil est révolu. Il doit aller au contact des gens, utiliser les réseaux sociaux et participer aux manifestations.

« Bonne réaction »

Afin de motiver ses troupes, Albert Michellod rendra visite aux boulangers valaisans durant l’année. « Je tiens également à encourager les cuisines collectives, les hôpitaux, les écoles à travailler des produits du terroir, dont nous faisons partie. »

Présent à l’assemblée, le conseiller d’Etat valaisan Christophe Darbellay a salué l’attitude de l’association et de son président : « Les grandes surfaces, les stations-service, c’est aujourd’hui une réalité. Vous avez la bonne réaction en misant sur la qualité, la proximité et la mise en valeur des produits du terroir. (…) Plus de 50 % des repas sont désormais pris dans des cantines et dans des hébergements collectifs. Nous avons beaucoup de possibilités de défendre la mise en valeur de ces professions et de ce savoir-faire, dans ce qui pourrait dépendre directement ou indirectement de l’Etat ou de l’argent public. Cela me paraît extrêmement important. »

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