L’apprentissage en réseau genevois annonce à nouveau complet. L’association cantonale des boulangers-confiseurs a retenu six dossiers sur la trentaine reçue. Le point sur le système mis en place depuis un an, avec Joël Mérigonde, en charge de la formation.
Les Artisans boulangers-confiseurs du canton de Genève (ABCGe) ont lancé leur apprentissage en réseau en 2023. Inspirée de celle des Vaudois, la formation s’effectue auprès de plusieurs sociétés en fonction de leurs points forts. Les futurs artisans y passent entre six et douze mois.
L’objectif premier est de récupérer des entreprises formatrices, et ainsi maintenir un certain nombre de places d’apprentissage. « La paperasse que la formation de la relève engendre est la principale cause de ces abandons. Et, malheureusement, plus on avance, plus cette charge de travail augmente », précise Joël Mérigonde. Afin de soulager les patrons, l’ABCGe s’occupe de cette tâche. « J’en ai récupérées, mais ce n’est pas encore suffisant. » A ce jour, une dizaine de boulangeries, pâtisseries, confiseries, chocolateries, services traiteur et hôtels ont rejoint le réseau.
Sur les cinq apprentis de la première volée trois poursuivent leur cursus en deuxième année. Des départs qui seraient dus en partie à l’âge des personnes : « Pour le réseau, il faut vraiment faire preuve de souplesse ; qui s’acquiert avec une certaine maturité. » Le responsable souhaiterait d’ailleurs augmenter quelque peu la moyenne d’âge des apprenants à l’avenir.
Lors de cette rentrée, un changement a d’ores et déjà été mis en place : les six jeunes de 1re ont débuté leur formation par six semaines d’école, et non plus huit. « Trop longue, cette première phase a été raccourcie mais intensifiée afin de proposer la même matière. »
Formation d’avenir
M. Mérigonde dresse un bilan très positif de l’expérience. Il constate que les apprentis font preuve d’une motivation supérieure à la moyenne. Cela proviendrait de la méthode de sélection et du suivi des élèves : « Ils sont choisis sur dossier par nos soins, et non pas par un patron qui pourrait se laisser influencer par des caractéristiques subjectives. De plus, en rencontrant les jeunes toutes les deux ou trois semaines, cela permet de connaître leurs forces et faiblesses. Je sais comment les soutenir au mieux. »
Le Genevois estime qu’il serait judicieux de se pencher sur l’apprentissage en réseau dans le cadre de la formation professionnelle 2030 : « Evidemment, les cantons doivent s’adapter à leur physionomie et à leur profil ; ce qui fonctionne chez nous ne marche pas forcément en Valais, par exemple. Il faudrait donc avoir la possibilité de proposer chaque solution et de rester ouvert à tout. »
« Prendre le meilleur de chaque entreprise »
Viviane Tinner a débuté sa 2e année. Agée de 21 ans, l’ex-étudiante en architecture est pour l’heure en formation au sein de C & J Mérigonde à Genève. Elle y apprend principalement la pâtisserie et un peu la chocolaterie.
Viviane Tinner, pourquoi avoir choisi un apprentissage en réseau ?
J’ai appris par mon conseiller d’orientation que ce réseau se mettait en place, un peu par hasard. Je ne comprenais pas exactement en quoi cela consistait. J’ai toutefois sauté sur l’occasion de trouver une place : j’ai envoyé une lettre de motivation et un cv. Ils m’ont convoquée pour un entretien. Cela s’est fait très rapidement. J’ai alors compris ce que c’était, et quelle chance j’avais eue d’en avoir connaissance.
C’est-à-dire ?
C’est une belle opportunité de changer régulièrement d’entreprise pour prendre le meilleur de chacune d’entre elles. En devant nous acclimater aux différents environnements, nous développons notre flexibilité et notre adaptabilité.
L’avez-vous ressenti au contact d’apprentis hors réseau ?
Oui, ils sont plus attachés aux pratiques enseignées. A la fin de la première année, j’avais déjà plusieurs façons de faire. J’ai l’impression que j’ai moins de difficultés qu’eux à me dire que je vais devoir faire de plein de façons différentes.
Johann Ruppen