Le nombre des apprentis du secteur recule toujours. Les résultats du sondage « panissimo » réalisé auprès des associations cantonales dépeignent une situation mitigée. Il y a de considérables problèmes, mais également quelques éclaircies.

Cette année, la boulangerie-confiserie a enregistré un record négatif, sur le marché des apprentissages. Pour la première fois, les nouveaux contrats sont passés en dessous de la barre des mille. Plus concrètement : 995 jeunes ont débuté une formation (693 en production et 302 dans la vente). En 2013, ils étaient 1313 apprentis (cf. tableaux).

Eclaircies à l’horizon

La plupart des représentants cantonaux constate une baisse lente, mais constante du nombre d’apprentis et des places d’apprentissage. Il y a toutefois quelques éclaircies à l’horizon ; en partie dans le secteur de la vente. Les jeunes sont souvent motivés et enthousiastes. Toutefois, il n’est pas simple de trouver une relève suffisamment qualifiée. Cela semble moins positif du côté des formateurs. Il y a encore beaucoup de tâches à accomplir.

Les raisons

Dans le canton de Lucerne, on voit plusieurs explications à la baisse du nombre d’apprentis : « Nous sommes confrontés au même problème que pratiquement toutes les professions artisanales. Chez nous, il est certain que le travail de nuit constitue un autre point qui ne plaît pas à tout le monde. »

Le faible taux de natalité des années dont sont issues les promotions actuelles représente une difficulté supplémentaire. La filialisation, et donc le peu d’entreprises de production, est aussi un problème. « Les filiales ne forment pas plus d’apprentis », regrette-t-on dans le canton de Fribourg, par exemple. En plus, un grand nombre d’exploitations n’ont pas plus d’élèves, car elles ne sont plus d’accord avec les nombreuses conditions qui sont exigées.

Neuchâtel se plaint que de moins en moins de places sont disponibles. On demande que l’association soutienne les jeunes professionnels qui voudraient ouvrir un commerce. Si on ne fait rien, il ne restera que les grandes entreprises avec leurs succursales, et qui ne forment que quelques apprentis. « Trouver une nouvelle place de travail est très compliqué », relève l’association vaudoise. Beaucoup d’entreprises ne veulent plus s’engager en faveur de la relève. En confiserie, le canton de Vaud n’a aucune place d’apprentissage à disposition.

Professionnels de l’étranger ?

A Schaffhouse, on qualifie la situation de précaire : « Elle s’aggrave de plus en plus, car il y a toujours moins d’entreprises de formation. »

Du positif se fait entendre du côté de la Suisse orientale, il concerne le commerce de détail : « En majorité, le nombre de places d’apprentissage est encore bon. » Dans le canton de Glaris la demande dépasse l’offre. A Glaris Sud, la plus grande commune de Suisse, il y a aujourd’hui pratiquement plus de places. « Si les chiffres continuent de baisser ainsi, de nombreuses entreprises devront employer des professionnels de l’étranger, dans un avenir proche », prophétise-t-on dans les Grisons. Le nombre d’apprentis a été stable ces quatre ou cinq dernières années, dans le canton de Fribourg.

Espoirs à Genève

D’encourageants signaux positifs proviennent de Genève : « Ces dernières années, nous avons eu des apprentis avec un potentiel élevé. » Dans le même temps, il est exigé aux formateurs de rendre les emplois attrayants et de conserver le potentiel dans la branche. A Genève, on constate aussi un phénomène qui n’a été souligné nulle part ailleurs : il y a de plus en plus d’apprentis âgés entre 19 et 21 ans. Ils sont en général très motivés et bien formés.

Moins résistants

Les Argoviens relèvent que le commerce de détail est devenu plus populaire et que les apprentissages ont augmenté. Ici, on ne manque pas de places d’apprentissage. Toutefois, il est difficile de trouver des jeunes appropriés et intéressés. « Il y a de plus en plus d’exigences, dans la vente » constate-t-on dans les Grisons. Pour cette raison, les élèves moyens à l’école secondaire ont souvent du mal. « Beaucoup de places ne peuvent pas être totalement occupées, en raison de candidatures trop mauvaises. » Telle est la manière dont on décrit la situation générale à Zurich. Ils sont toujours moins nombreux à vouloir travailler les week-ends et les jours fériés. En outre, il a souvent été mentionné que les jeunes sont moins résistants qu’auparavant. Conditionnée par le temps de travail, la situation est aussi inquiétante chez les boulangers et les confiseurs au Tessin.

A Zurich, la situation est décourageante. Les chiffres exacts des apprentis ayant abandonné leur formation n’existent pas. On les estime à 30 %. Le canton avec le département de l’éducation a mis sur pied un projet pilote. Il a pour objectif de reconnaître prématurément les relations houleuses rapportées entre apprentis et formateurs ou de trouver un nouveau lieu d’apprentissage. En 2016, dix apprentissages ont ainsi pu être sauvés.

Relève motivée

L’association cantonale Berne-Soleure a beaucoup d’éloges envers la relève : les jeunes sont motivés et prêts à fournir des prestations. « Il y a beaucoup de jeunes professionnels qui exercent leur métier avec fierté. » Il est important de promouvoir la relève avec des activités. L’association Berne-Soleure est exemplaire en la matière ; ce qui entraîne une lutte au sein des élèves en fin de scolarité. « Il y a beaucoup d’intéressés et de bons jeunes », lâchent les Zurichois. A titre d’exemple, ils citent la fréquentation des salons des métiers. « Si nous nous appuyons sur les bons éléments et prenons le temps de bien les former, nous aurons un bel avenir devant nous. »

Après la formation

La période après la formation constitue un réel défi. Beaucoup trop d’apprentis changent de profession au terme de leur formation, a répondu l’association thurgovienne. Ils ont parfois une fausse image de la formation en raison d’un manque d’intérêt, selon l’association cantonale d’Argovie. Suivre les cours à l’école professionnelle et travailler au sein de l’entreprise formatrice constituent pour certains une charge trop importante. Cela conduit à des abandons. Dans le canton de Vaud, les changements et cessations d’apprentissage en cours d’année sont nombreux. Des apprentis ont toutefois quitté leur première entreprise pour en trouver une nouvelle. Certains ont changé trois fois de maison en une année. Les causes seraient du côté des formateurs : « Ils n’assument pas leurs obligations, mais le contenu suscite une grande satisfaction de leur part ! Le dossier de formation est excellent, mais 80 % des formateurs ne l’utilisent pas. 96 % des candidats ont réussi leur examen. »

Pour les membres d’Appenzell c’est clair : « Dès le début, nous devons communiquer simplement quel genre de profession merveilleuse, créative, variée et jamais ennuyeuse nous avons. Notre secteur doit mieux se vendre ! »

Le détail des chiffres et des réponses est disponible sous www.swissbaker.ch .

Cela pourrait aussi vous intéresser

Pâtisserie présidentielle, cantonale et annuelle