En place depuis 2009, Mathieu Fehlmann quittera prochainement la Fédération patronale et économique, et par conséquent l’Association romande des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs (Arabpc). Le quadragénaire reprendra la direction de l’entreprise familiale dédiée aux livres. Retour sur onze années au service de la branche…

Mathieu Fehlmann, vous avez œuvré en faveur de la boulangerie-confiserie romande durant onze ans. Quels changements avez-vous observés ?
J’ai vraiment le sentiment que le terroir revient de plus en plus. Il y a dix ans, les gens parlaient un peu moins de consommer local, d’avoir des chaînes de production courtes. Nous avons fait un progrès de ce côté-là. J’ai en tout cas l’impression que dans nos régions les gens demandent plus facilement si c’est du pain du boulanger ou du pain congelé. Cela ne veut pas dire toutefois qu’il y aura plus de boulangers dans le futur ; mais j’espère que cette manière de penser s’intensifiera. Ce serait magnifique pour nos artisans. La concurrence est importante et c’est compliqué.

La communication a-t-elle aussi évolué ?
Oui, il n’y avait quasiment aucune communication en 2009. Communiquer différemment a été l’un des chevaux de bataille de l’Arabpc depuis cinq ans. Nous avons notamment réalisé des spots tv. Les boulangers-confiseurs aussi communiquent, et certains le font bien ; à l’image des Chevaliers du bon pain vaudois sur les réseaux sociaux. Eux aussi ont particulièrement évolué en dix ans. La première fois que je les ai rencontrés, je me suis demandé qui étaient ces extraterrestres. Aujourd’hui, je pense en revanche qu’ils sont très modernes, tout en étant les garants du bon pain. Les consommateurs ont besoin de repères. Cela se voit au Swiss Bakery Trophy (SBT). Le public se dirige en premier vers les chevaliers en tenues, avec leurs pelles et leurs sautoirs. Ils ont un grand rôle à jouer dans la communication moderne.

Que fait-il encore défaut aux artisans ?
Une grande solidarité au niveau des artisans est nécessaire. Le commerçant du village voisin n’est pas un concurrent. La concurrence ce sont les grandes surfaces. Il faut donc être encore plus associatif et solidaire ; aussi entre association. Nous devons avoir une vision associative à terme ; ce qu’a fait l’association suisse. Evoluer vers des associations régionales est juste, à mon avis. Inévitablement un jour il y aura moins de membres. Si nous voulons être forts, il faut être ensemble…

L’Arabpc était un peu précurseur…
Oui. C’était aussi pour avoir davantage de poids vis-à-vis de la Suisse allemande. Le nouveau centre Richemont va aussi dans ce sens : posséder un site de formation fort en Romandie. Tous les cours interentreprises ne doivent pas y être donnés, mais nous devons être prêts à les accueillir. Il faut éviter ce qu’il s’est passé avec les bouchers. Leurs apprentis romands se rendent à Spiez (BE) suivre les cours interentreprises. De quoi démotiver les jeunes qui habitent dans des vallées, par exemple ; là où des petits commerces sont nécessaires. Le but du centre romand est donc de ne pas perdre l’essence des boulangers-confiseurs : la relève.

Comment imaginez-vous la boulangerie-confiserie de demain ?
Les chiffres le montrent : il y aura de moins en moins de boulangers-confiseurs, mais pas forcément moins de points de vente. Il y aura deux catégories de boulangers, selon moi : celle avec un grand laboratoire et suffisamment de magasins, et celle comprenant un magasin avec le fournil en arrière-boutique.

Votre successeur a-t-il été choisi ?
Non, c’est en cours. Nous avons passé les « assessment ». Nous connaîtrons les résultats prochainement. Toutefois, que ce soit moi ou un autre, il y a quand même une personne qui reste : Catherine Oberson. Personne clé de la boulangerie romande, elle fera le lien. Il n’y a donc aucun souci à avoir.

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Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’interview dans l’édition imprimée de du 8 janvier.

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