Après 17 années passées au sein de la formation du personnel de vente de l’Association romande des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs, Marlise Neuenschwander se retire. La Vaudoise se penche sur l’évolution et l’avenir de la profession, ainsi que sur son parcours.

Après 17 années passées au sein de la formation du personnel de vente de l’Association romande des artisans boulangers-pâtissiers-confiseurs, Marlise Neuenschwander se retire. La Vaudoise se penche sur l’évolution et l’avenir de la profession, ainsi que sur son parcours.Marlise Neuenschwander : « Le lien social au travers d’un pain parachuté par drone… Je n’y crois pas vraiment. »

« Assurance, pertinence, force, flexibilité, amour du travail… » Telles sont les caractéristiques dont doit faire preuve aujourd’hui du personnel de vente de qualité, selon Marlise Neuenschwander, ex-formatrice de l’Association romande des artisans boulangers-confiseurs. « Les clients supportent de moins en moins de choses et la crise sanitaire n’a rien arrangé. Ils sont restés enfermés trop longtemps ! (…) Devenus impatients, ils ne cherchent plus de solutions, ils attendent qu’on les leur apporte. »
La nouvelle formation vente 2022+ a anticipé la tendance puisque les apprentis devront trouver des solutions par eux-mêmes. « Certes, les formateurs seront là pour les aider, mais pas pour faire le cheminement à leur place. Ce changement devrait donner du personnel plus autonome, plus compétent », se réjouit Mme Neuenschwander.

« Salaire identique, pas logique »

La Vaudoise partage cependant quelques craintes, notamment en ce qui concerne la reconnaissance financière. « Une vendeuse avec CFC perçoit le même salaire qu’une employée sans certificat. Cette voie peut former de bonnes professionnelles, mais les ventes qui en découlent sont rarement approfondies. Ce n’est plus ce que nous cherchons. (…) Un salaire identique n’est donc pas logique. »
La formation des maîtres d’apprentissage est un autre point sensible. Afin de trouver les réponses par leurs propres moyens, les jeunes doivent compter sur des patrons suffisamment instruits. « Ces formateurs doivent suivre au moins un cours. Malheureusement, ce dernier ne peut être obligatoire et comme toujours, ce seront les mêmes qui le feront. J’ai donc bien peur que certains apprentis soient totalement perdus. »

Bâton de pèlerin

Depuis quelques années, Marlise Neuenschwander constate une baisse de la cote de la formation continue. Les annulations deviennent fréquentes. « Nous peinons à trouver des gens pour suivre des cours dans la vente. Ces messieurs-dames sont nombreux à penser tout savoir. Lorsqu’on leur suggère de le faire, ils n’en voient pas l’intérêt. Or, le domaine évolue. »
L’une des solutions consisterait à se rendre auprès des membres : « Il faudrait qu’une personne compétente au sein de chaque association cantonale empoigne son bâton de pèlerin, aille dans les commerces et discute de la formation et autres sujets professionnels. » Le contact et la communication directs doivent être privilégiés. Le salut de la branche en dépend ; elle en est convaincue.

L’importance des marchés

Rien d’étonnant alors à ce que cette professionnelle de la vente chérit particulièrement les marchés : la clientèle a le temps et souvent l’envie d’en apprendre davantage sur les produits. « C’est là que j’ai pu transmettre à beaucoup de personnes la composition et les spécificités des produits. Toutefois, cela demande des connaissances de la vie sociale. Non seulement, il faut s’adresser à tous, mais aussi s’intéresser à tout. (…) N’attendons pas que les gens viennent à nous. Allons vers eux ! Avec le personnel adéquat, il est possible de faire du chiffre ! » Inconditionnelle de ce mode de vente, elle regrette d’ailleurs que depuis la création de son entreprise de dépannage en 2014, aucun collègue ne l’ait mandatée pour être présente sur les marchés.
Il va sans dire que l’ex-formatrice ne porte pas dans son cœur la vente en ligne et la distribution postale : « Les boulangeries-confiseries servent de trait d’union entre les personnes. Nous l’avons bien vu durant la pandémie. Alors, le lien social au travers d’un pain parachuté par drone… Je n’y crois pas vraiment. » A cela, elle ajoute la valeur pédagogique des petits commerces. En s’y rendant en famille, les parents contribuent à l’éducation de leur progéniture. « Adulte à leur tour, elle s’en souviendra et reviendra auprès d’un artisan et certainement avec ses enfants… On ne peut donner que ce qu’on a reçu. »

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