Une directive mal formulée de l’instruction publique a suscité la grogne de boulangers-confiseurs genevois. La maladresse a peine rectifiée, une nouvelle mesure est entrée en vigueur : les ventes de produits de boulangerie-confiserie ne sont plus autorisées dans les établissements scolaires.

En raison de la Covid-19, les boulangers-confiseurs ne sont plus autorisés à vendre dans les établissements publics, une décision que déplore Stéphane Oberson.

« L’école ne peut plus (…) accepter les gâteaux et pâtisseries amenés pour l’anniversaire d’un enfant, à moins que ceux-ci soient industriels et emballés de manière individuelle. » Ces quelques lignes du courrier du 26 octobre destiné aux parents des élèves d’un établissement scolaire genevois ont fâché les artisans du canton. Le boulanger-confiseur à Satigny (GE) Stéphane Oberson a fait part de sa colère dans un reportage de la télévision locale « Léman Bleu » diffusé le 2 novembre : « J’ai été contrôlé douze fois depuis le début de la pandémie. J’ai toujours été en règle. (…) Je ne laisserai plus rentrer quelqu’un des services cantonaux pour faire un quelconque contrôle dans mon entreprise, tant que le département de l’instruction publique (DIP) n’aura pas retiré son courrier et présenter des excuses ! »

Pierre-Antoine Preti, porte-parole du DIP, est revenu sur le sujet au micro de « Radio Lac » : « Il s’agit d’un incident, d’une erreur de langage, de cette directive (…). Les pâtisseries et les goûtés qui sont confectionnés dans des boulangeries artisanales sont bien entendu acceptés dans toutes les écoles. » M. Oberson a obtenu ses excuses, et l’école a depuis fait parvenir un rectificatif aux parents. De quoi redonner le sourire au boulanger-confiseur.

Vente à l’emporter interdite dans les collèges

Presque… « Le lendemain l’Association des artisans boulangers-confiseurs du canton de Genève a appris par courrier que les ventes de produits de boulangerie étaient dorénavant interdites dans les cycles d’orientation. (…) Pour moi, cela représente un manque à gagner de 300 francs par jour », déplore M. Oberson.
La décision émane du médecin cantonal. « Le DIP, qui n’a pas autorité en la matière, doit l’appliquer », a déclaré M. Preti à « panissimo ». Quant aux raisons précises qui ont motivé l’interdiction de cette pratique, assimilable à d’autres ventes à l’emporter, le Département de la sécurité, de l’emploi et de la santé ne les communiquent pas. Son directeur de la coopération et de la communication Laurent Paoliello précise toutefois que « l’objectif des mesures sanitaires est d’éviter les attroupements pour casser les chaînes de contamination ».

Procédures et aides vaudoises trop lentes

Les Artisans boulangers, pâtissiers, confiseurs vaudois (ABPCV) et GastroVaud ont lancé un appel conjoint aux élus cantonaux et communaux vaudois. Dans une lettre intitulée « Quand la maison brûle, on tire la sonnette d’alarme ! », Yves Girard, secrétaire de la première association, et Gilles Meystre, président de la seconde, leur implorent de « tout mettre en œuvre pour bousculer les procédures et accélérer les aides, (…) afin d’éviter les dépôts de bilan et les licenciements ».Les deux représentants associatifs n’ont guère espoir que leurs membres ne bénéficient d’une quelconque aide avant la fin décembre. « D’ici là, pourtant, il y a des employés à rémunérer, un trimestre de TVA à acquitter, des loyers en cours à payer, des loyers suspendus ce printemps à rembourser, des 13es salaires à verser, etc. »

« L’économie attend elle aussi qu’on lui dise merci »

A cette peur au ventre s’ajoute une « rage ». Le Conseil d’Etat n’est pas le seul à pouvoir exiger des remerciements, selon MM. Girard et Meystre : « L’économie attend elle aussi qu’on lui dise merci. » Ils avancent comme raisons la création d’emploi, la contribution à un faible taux de chômage, l’acceptation de l’urgence sanitaire et l’application avec sérieux et rapidité des restrictions ordonnées. En plus d’une reconnaissance concrète, des aides arrivant d’ici au 25 novembre permettraient aux entrepreneurs d’honorer leurs obligations et d’éviter un « enterrement programmé », selon les deux signataires.

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