Chaque année en Suisse, 2,8 millions de tonnes de nourriture se perdent sur le chemin entre le champ et l’assiette ; 55 % dans le secteur du pain et des produits de boulangerie. De nombreuses mesures peuvent être prises dans les exploitations pour lutter contre ce phénomène.

En Suisse, 2,8 millions de tonnes de déchets alimentaires sont produits chaque année. Par an et par personne, cela représente 330 kilogrammes de nourriture. Tel est le résultat d’une étude menée en 2019 par l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement. Le gaspillage alimentaire est le terme utilisé pour décrire les aliments produits pour la consommation humaine, mais qui sont perdus ou jetés. Cela inclut les pertes de récolte jusqu’au menu fini dans l’assiette, en passant par la transformation. Un secteur connaît des pertes particulièrement élevées : celui du pain et des produits de boulangerie.

55 % de gaspillage
Selon cette étude, 55 % du pain et des produits de boulangerie sont gaspillés tout au long de la chaîne alimentaire. La moitié des pertes se produisent pendant la transformation. Les principales raisons en sont la surproduction, les exigences de qualité et la demande de farine blanche, de sorte que de grandes quantités de son sont considérées comme sous-produit, selon l’étude de l’EPFZ.

Dans le commerce de détail, qui comprend également les boulangeries et les confiseries, 13 000 tonnes sont perdues chaque année, selon l’étude. Le pain et les produits de boulangerie font partie des principaux déchets alimentaires des ménages. Pourtant, beaucoup de ressources sont utilisées pour le pain qui devient dur et finit par se retrouver dans les déchets. Il est donc important de sensibiliser les clients à ce problème. Cependant, les boulangers-confiseurs doivent eux aussi agir. Voici quelques mesures :

Utilisation de vieux pain pour fabriquer de nouveaux produits : une option de réutilisation écologique d’excédent de pain consiste à en faire un élément de recettes, ou de le transformer par exemple en chips, bière, gin, etc.

Remise à des tiers : de nombreux supermarchés, boulangeries et discounters coopèrent avec des organisations à but non lucratif (par exemple Table couvre-toi, Caritas). Des produits de boulangerie sont en outre réacheminés via l’initiative « foodsharing ».

Vente dans le propre magasin : les deux exploitations bernoises Reinhard AG et Beck Glatz Confiseur AG vendent leurs produits de la veille sous le slogan « am 2. Tag, die 2. Chance für 2 Franken » (le 2e jour, la 2e chance pour 2 francs) ou « Merz vom Vortag » (produits de la veille).

Remise à l’Äss-Bar :l’Äss-Bar vend des produits de boulangerie et de pâtisserie des boulangers-confiseurs à prix réduit le lendemain dans l’Äss-Bar sous la devise « frais d’hier ».

Devenir une entreprise partenaire de Too Good To Go : via l’application Too Good To Go, les boulangeries-confiseries peuvent proposer les restes de nourriture à un prix réduit. Les utilisateurs peuvent voir dans l’application quel commerce de leur région a des restes de nourriture, réserver et payer directement dans l’application, et récupérer le paquet surprise auprès du commerce peu avant la fermeture.

Alimentation animale : outre la prévention et la remise à des tiers, la transformation en alimentation animale constitue la valorisation la plus judicieuse sur le plan écologique.

Elimination énergétique : les boulangeries qui fabriquent des produits de boulangerie fine (p. ex. tourtes, gâteaux avec farces non chauffées) et des snacks (par ex. avec saucisse, jambon, chair à saucisse, canapés au tartare, rouleaux au poulet ou à la viande hachée), les jettent généralement à la poubelle ou confient leur élimination à des entreprises de recyclage dans des installations de biogaz.

Enregistrer les retours : un enregistrement systématique permet de déterminer le niveau des différents retours. En fonction des résultats, la production peut alors être augmentée ou réduite.

Gamme de produits allégée : une gamme de produits allégée à partir de 17 heures et peu avant la fermeture, la remise d’un produit de boulangerie gratuit pour chaque produit vendu et ne pouvant plus être proposé le lendemain.

L’Association suisse des patrons boulangers-confiseurs et Too Good To Go collaborent plus étroitement depuis décembre 2020.
Communiqué de presse

Réduire de moitié les pertes alimentaires d’ici 2030
L’alimentation est responsable d’un peu moins d’un tiers de la pollution environnementale dans notre pays, selon l’office fédéral de l’environnement (Ofev). Il existe donc un grand potentiel de réduction des déchets alimentaires en Suisse. Moins de déchets alimentaires signifie une réduction des émissions de gaz à effet de serre et une diminution de l’empreinte écologique par personne.

La lutte contre le gaspillage alimentaire figure à l’agenda politique : en 2015, la Suisse a adopté, avec plus de 190 pays, le programme de l’ONU pour le développement durable. L’un des objectifs est de réduire de moitié les pertes alimentaires d’ici à 2030. Si l’objectif est atteint d’ici 2030, l’impact environnemental national des déchets alimentaires causés par la consommation en Suisse pourrait être réduit de 61 %, selon l’Ofev. Dans ce contexte, le Conseil fédéral a été mandaté pour élaborer un plan d’action contre le gaspillage alimentaire, qui devrait être approuvé à l’automne.

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