A l’occasion des assises annuelles de l’Association des artisans boulangers-confiseur du canton de Genève, son président Eric Emery a tenu un discours enflammé en faveur de la solidarité au sein de l’association, avant d’être réélu. Extrait…

« Je me sens profondément boulanger-pâtissier et j’aime aussi ceux qui font du chocolat. Président d’une association de petites, moyennes et grandes entreprises, j’ai beaucoup de respect pour vous tous. Les grands parce que moi je n’ai ni la capacité ni l’ambition de créer les entreprises que vous possédez. Les moyens parce que comme moi vous vous levez tous les matins pour faire tourner la boîte, maintenir les emplois. Les petits ou tout petits parce que vous devez tout gérer tout seul, souvent vous ne pouvez plus payer un employé, tout cela use et tape sur le moral.

Votre situation aux petits m’affecte particulièrement. J’ai un profond sentiment d’impuissance face à votre situation. Non seulement vous êtes en difficulté mais en plus vous devez faire face à toutes les tracasseries administratives que nous connaissons tous. Quand on a déjà juste le temps de faire le travail, comment gérer le reste ?

Les grands, vous vous êtes structurés afin de subvenir à vos propres besoins. Vous réglez par vous-mêmes vos problèmes, vous avez tout un staff administratif pour tirer toute la quintessence de votre entreprise. Du coup vous trouvez votre participation financière à l’association trop importante en rapport aux services proposés que vous n’utilisez pas ou peu.

Certains d’entre vous pensent à quitter tout simplement l’association. Très bien. Peut-être ne vous sentez-vous plus boulanger-confiseur dans l’âme. Vous êtes devenus gestionnaire de votre entreprise, développeur d’idées, de concepts. Je respecte cela.

«Rejoindre Gastro Union est une erreur»

Je pense malgré tout que rejoindre Gastro Union est une erreur. Peut-être que tout de suite vous économiserez quelques sous mais à la longue, si Gastro Union devient l’unique association syndicat des métiers de bouche, comment serez-vous considérés?

La solution par branche MSST ne sera pas adaptée à vos entreprises, la Suva vous tombera dessus, si vous formez des apprentis, qui s’occupera des plans de formations, des cours interentreprises, des examens etc.. vous pensez vraiment que les restaurateurs vous aideront?

Cela fait déjà quelque temps, l’association avait demandé un avis de droit au Pr. Aubert suite à des chicaneries avec Unia pour la CCT de Genève. Suite à cet avis de droit, le Tribunal des relations du travail nous avait donné raison sur le fait qu’une entreprise ne peut pas être soumise à 2 CCT. Par la suite, le Tribunal Fédéral, saisi par Unia, a refusé d’entrer en matière en invoquant la réponse pertinente du Tribunal de Genève.

Aujourd’hui je compte me servir à nouveau de cet avis de droit pour attaquer pénalement Gastro Union ainsi que tous leurs négociateurs de la CCT des boulangers-confiseurs pour non-partialité dans les négociations d’une nouvelle CCT et conflit d’intérêts. En effet, Gastro Union fait régulièrement des intrusions agressives dans les tea-rooms de 51 places et plus pour vous intimer de rejoindre leur rang. Ce que fait Gastro Union du fait qu’une entreprise ne peut pas être soumise à 2 CCT est illégal.

Vos boulangers-confiseurs et vos vendeuses qualifiées seront soumis à la CCT de la boulangerie avec le 0,12 % sur la masse salariale et les CHF 10.- par employé pour la DFO. Le reste de votre personnel sera soumis à la CCNT des cafetiers-restaurateurs.

Nous allons également les attaquer sur ce point et exiger de supprimer cette clause des 51 places et plus au tea-room. Pourquoi? Et bien je veux vous démontrer que notre métier est bien vivant, qu’il existe encore et que je n’accepte pas qu’une association comme Gastro Union, qui n’a rien de gentil, s’attaque à nos membres de cette façon.

Respect, tolérance, amitié et solidarité

J’estime qu’un minimum de respect, de tolérance, d’amitié et de solidarité doit prévaloir sur l’argent. Dites-moi ce que ça vous coûte de prendre une heure de temps en temps pour aller voir un collègue et boire un café afin de lui affirmer votre soutien ? Je vous garantis que ça met du baume au cœur.

Personne ne vous interdit de grandir et d’amasser de l’argent mais gardez une case dans votre tête avec inscrit: «J’ai un métier, je fais partie d’une corporation et j’en suis fier. Si cette case est effacée, peut-être pourriez-vous faire le point sur votre vie et si vous préférez rejoindre Gastro Union, si un jour vous voulez revenir chez les boulangers-confiseurs nous vous accueillerons sans sous-entendus.»

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