En janvier, dans les boulangeries suisses, les cafés à emporter seront munis de porte-gobelets en laine, tricotés par tout un chacun. Artisan à Montreux, Wilhelm Ohnmacht se réjouit d’y participer.

Originaire de la région de Munich, Wilhelm Ohnmacht (58 ans) est boulanger depuis près de 40 ans. C’est dans son pays qu’il a appris le métier. « Au départ, je voulais faire cuisinier, et puis j’ai suivi un apprentissage de boulanger, ça m’a plu et je n’ai plus changé » sourit-il.
C’est l’amour qui l’a conduit en Suisse. « Ma femme, originaire de Sainte-Croix (VD), je l’ai rencontrée alors qu’elle était jeune fille au pair. » Aujourd’hui, Wilhelm possède deux boulangeries à Montreux, la première depuis 31 ans. Parfaitement intégré, il est aussi membre du comité central de la BCS, l’Association des boulangers et confiseurs suisses. Dès le 22 janvier, et il en est très fier, ses deux commerces, comme près de 2000 boulangeries à travers tout le pays, participeront à l’action Tricotons contre l’oubli destinée à sensibiliser la population sur la démence et ses conséquences, à mieux la faire connaître, à la dédramatiser aussi.

Porte-gobelet unique
Les clients, avec chaque café à emporter, se verront remettre un porte-gobelet en laine, tous avec des designs différents alors qu’une mémo-box donnera les renseignements nécessaires sur cette maladie, informera notamment sur les signes avant-coureurs. Des flyers et des affiches annonceront l’action dans chaque boulangerie. « Par bonheur, je n’ai personne dans mon entourage qui a été touché par Alzheimer, témoigne Wilhelm Ohnmacht. Cette maladie, tout le monde évidemment en a entendu parler, mais sans savoir souvent de quoi il s’agit exactement. » A l’unanimité, le comité central de la BCS a accepté de s’associer à cette action lancée par Pro Senectute en association avec Alzheimer suisse. « Contrairement aux grandes surfaces, seules les boulangeries indépendantes participeront à la campagne, souligne l’artisan de Montreux. Comme quoi, même petit on peut faire de grandes actions. Par le passé, nous avons déjà participé à des campagnes comme le téléthon et la lutte contre l’autisme. »
L’action a officiellement été lancée le 21 septembre à Berne, lors d’une grande fête organisée à l’occasion de la journée mondiale d’Alzheimer. A travers les médias, la population sera invitée à tricoter les fameux porte-gobelets. En 2016, près de 100 000 tricots avaient été réunis à l’occasion d’une précédente action destinée à lutter contre la pauvreté des personnes âgées. Secrétaire romand de Pro Senectute Suisse et membre de la direction, Alain Huber est très optimiste. « Ce serait évidemment idéal d’atteindre un tel chiffre. Plein de gens aiment tricoter à travers le pays, en petits groupes, des jeunes aussi. Tricoter est connu pour être déstressant » sourit-il.

« Les boulangeries : le partenaire idéal »
« Munissez-vous d’aiguilles, de laine et laissez libre cours à votre imagination. Nous avons hâte de découvrir vos créations » souligne le site memo-info.ch où l’on trouve les instructions détaillées pour fabriquer les fameux porte-gobelets. Comme le point trois par exemple : « Montez les trois premiers tours à l’envers et les suivants à l’endroit ». Pas moyen de se rater. Selon Alain Huber, les boulangeries constituent le partenaire idéal pour une telle action. « Ce sont des commerces où un vrai contact avec le client existe encore. » Et Wilhelm Ohnmacht d’ajouter. « Et en Suisse nous sommes les plus grands distributeurs de café à emporter. » L’action, dans les boulangeries, devrait durer environ une semaine jusqu’à épuisement des stocks.
En Suisse, quelque 150 000 personnes sont atteintes de démence, dont environ 70 % par Alzheimer. « Et comme, la population vieillit, les problèmes vont encore s’accentuer », relève Alain Huber. La campagne Tricotons contre l’oubli n’est pas destinée à collecter des fonds mais uniquement à mieux sensibiliser, à mieux informer et aussi à tordre le cou à certains clichés. « L’objectif est de changer la perception qu’on a généralement de la démence. Les personnes atteintes de cette maladie sont très vite stigmatisées. Elles perdent leurs amis. Elles sont isolées au quotidien. Or, contrairement à ce que l’on croit, il est souvent possible de vivre en société même en souffrant de cette maladie. Grâce à la mémo-box, on apprendra notamment comment se comporter quand le diagnostic tombe, comment faire face au quotidien. »
A Montreux, les journées de Wilhelm Ohnmacht commencent à 22 heures et finissent entre 6 heures du matin et midi, selon les commandes. « Ensuite, je vais promener le chien et je dors en deux phases, un peu le matin et deux heures avant de commencer le travail. Malgré les nouvelles technologies, il n’y a pas de miracle. Ce sont les horaires du métier. » Sa passion, en quarante ans, n’a pris une die. « J’aime surtout faire le pain, une trentaine de sortes différentes. Mes panettones sont aussi très demandés. J’ai mis sept ans à trouver le mix idéal entre les œufs et les fruits. C’est une question de savoir-faire Au marché de Noël de Montreux, même des Italiens m’ont félicité ». Dès le 22 janvier, son plaisir s’enrichira d’une belle cause. Et il se réjouit.

Campagne #perso

La Suisse compte plus de 148 000 personnes atteintes de démence. Avec la campagne #perso, Pro Senectute et Alzheimer Suisse veulent attirer l’attention sur la démence et ses conséquences, en collaboration avec les boulangeries-confiseries suisses. Dès le 22 janvier, à l’achat d’un café à l’emporter, les boulangeries-confiseries artisanales distribueront des porte-gobelets tricotés à leurs clients. L’action ne devrait durer qu’une semaine ; dans la limite des stocks disponibles. Il s’agit d’une campagne de promotion des ventes visant à sensibiliser la population sur le sujet, et non d’une collecte. Infos et commande de matériel : tél. 031 388 14 00 ou www.swissbaker.ch/perso.

Article paru dans le magazine « Générations » du 1er septembre

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